Finale de la Ligue des champions, Dommage... - par Laurent Wirz

Avec quelques jours de recul, on peut mieux apprécier la campagne européenne 2006/07 de Liverpool. Les "Reds" nous ont offert quelques très grands moments, notamment contre Barcelone et Chelsea. Dommage que l'épilogue n'ait pas été couronné de succès à Athènes, malgré une assez bonne prestation. Il a manqué un peu de réalisme et de percussion en attaque pour remporter une nouvelle Ligue des champions.

Cette finale, qui n'a pas égalé le niveau dramatique de celle d'Istanbul, a quand même livré son lot d'enseignements. Tout d'abord, Liverpool a beaucoup mieux contrôlé son adversaire milanais que lors du match de 2005. Pour preuve, Reina n'a quasiment pas eu d'arrêt difficile à effectuer, alors que son vis-à-vis Dida a sauvé son équipe à trois reprises, sur les essais de Pennant, Gerrard et Crouch.
Ensuite, le scénario de la partie a confirmé, si besoin était, l'importance primordiale du premier but dans un match aussi serré. Et ce but, l'AC Milan l'a inscrit avec pas mal de chance: on peut épiloguer sur le coup franc sifflé par l'arbitre contre Xabi Alonso:
dans la tribune de presse, j'étais dans l'axe de la ligne des 16 mètres,donc très bien placé sur cette action. Il m'a semblé qu'il s'agissait d'un duel régulier épaule contre épaule. Ensuite, sur le coup franc de Pirlo, la déviation d'Inzaghi a été pour le moins chanceuse. Bref, beaucoup de réussite pour les Italiens, qui n'avaient jusque là pas été dangereux.

Dès ce but, les données tactiques du match ont changé. L'organisation mise en place par Benitez ne suffisait plus, aussi en grande partie en raison du match cauchemardesque livré par Zenden, qui a perdu ballon après ballon sur le flanc gauche, alors que Pennant livrait un excellent match à droite. On a aussi constaté que Gerrard n'était de loin pas aussi efficace dans une position hybride d'attaquant en soutien de Kuyt. Stevie G fait bien plus de dégâts quand il oeuvre au milieu ou sur le côté droit. Les changements apportés par Rafa ont été un peu tardifs, à mon avis. Il aurait fallu remplacer Zenden plus tôt, et surtout faire entrer Crouch bien avant la 78e, histoire de peser sur la charnière centrale milanaise, bien contente de n'avoir que Kuyt sur le dos. Quand on sait que les Italiens avaient des craintes au niveau du jeu aérien, c'est vraiment dommage de ne pas les avoir testé davantage dans ce domaine.

Après le 2-0 inscrit par Inzaghi (un beau but, bien amené par Kaka), tout semblait fini. Mais la réussite de Kuyt a suscité brièvement un fol et bref espoir de remontée made in Istanbul. Hélas, le miracle ne s'est pas répété. Le sentiment prédominant est que Liverpool n'est pas passé loin d'un nouveau triomphe. Mais à trop vouloir casser le jeu milanais, Benitez a peut-être un peu négligé de mettre l'accent sur les propres atouts offensifs de son équipe. Car pour museler Kaka, Pirlo et Seedorf, il a fallu sacrifier un attaquant. Si le premier but avait été pour nous, la tactique aurait été parfaite...

Reste que ce match a aussi permis d'apprécier, une fois encore, le fantastique soutien que les supporters apportent à l'équipe. Les "Reds" ont largement dominé les Milanais dans les tribunes, avant, pendant et même après la partie. Phénoménal, tout simplement. Et la manière dont la défaite a été acceptée peut aussi représenter une leçon de fair-play. J'ai vu plusieurs fans de Liverpool aller spontanément serrer la main de tifosi milanais en leur disant "Well done". Chapeau.

Par contre, l'organisation mérite au minimum un carton jaune.
Informations lacunaires à proximité du stade, avec au moins un policier sur deux ne parlant pas l'anglais, contrôle des billets folklorique, puisque des gens sont entrés avec de faux billets et que des centaines qui en avaient des vrais ont été refoulés: les Grecs ont été dépassés, et la situation aurait vraiment pu mal tourner. Mais la responsabilité doit aussi être partagée par l'UEFA, coupable d'une part d'avoir désigné un stade peu adapté pour un match de cette envergure, et de l'autre de n'avoir fourni que 17000 billets à chaque club finaliste. Tout ça pour que des milliers de collaborateurs des sociétés qui sponsorisent la compétition puissent assister au match...
Il faudrait véritablement que la politique en matière de répartition des billets prenne mieux en compte les vrais supporters, au lieu de ne penser qu'au fric.

Place maintenant au repos pour les joueurs, et au travail pour Rafa et ses collaborateurs. Il s'agira de réussir la campagne de transferts et d'apporter encore davantage de qualité dans l'équipe, histoire de réussir à nouveau un beau parcours en Europe, mais aussi de faire meilleure figure que cette saison en Premier League. Come on you Reds, you'll never walk alone.



L.W.